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De l’art comme « gestalt » d’une éducation pour temps de crise

De l’art comme “gestalt” d’une éducation pour temps de crise.(Publié in Gestalt n°13-14  mai 1998 pages 211-221 Revue de la Société Française de Gestalt) Qu’est ce qu’un « point de vue philosophique »?.

Je suis sensé parler en « philosophe ». Si l’on en croit les diverses étymologies, la philosophie serait l’amitié de la sagesse ou la sagesse de l’amitié. Ainsi, philosopher serait un acte de réflexion conviviale et il n’est pas indifférent que la philosophie occidentale s’inaugure, non pas avec un traité d’un penseur en chambre, mais avec les  Dialogues de Platon. Dès lors, le point de vue philosophique ne saurait être considéré comme « supérieur ». Il se manifeste dans  la décision d’ouvrir des problématiques nouvelles à l’espace humain puisque, selon le mot de Malebranche, l’esprit se sent toujours du mouvement pour aller plus loin. Si les périodes « glorieuses » (comme on parle des « trente glorieuses ») peuvent reléguer le questionnement philosophique dans les scolastiques stériles ou le luxe intellectuel, les années de crise, et nous y sommes, conduisent peu ou prou tout un chacun à s’interroger sur les évidences du monde et donc à philosopher. C’est dans cette situation bien précise que je m’attacherai à développer devant vous quelques réflexions, en posant d’emblée que l’art possède avec la philosophie l’avantage et l’inconvénient de changer le regard sur le monde. Ces deux activités, par delà les répétitions des pensées acquises suivies régulièrement par les désenchantements des pensées mortes, entretiennent en nous le goût permanent de naître comme le note avec bonheur Maurice Béjart :  » Je n’en finis pas de commencer ma vie, quand je pense qu’il y en a qui n’attendent pas d’avoir vingt ans pour commencer leur mort   » (1)
1 – Le rapport extérieur de l’art et de l’éducationUne première figure de l’art dans l’éducation consiste à en faire un « supplément d’âme » plus ou moins académique, un peu ce « soupir de l’âme accablée » dont parle Marx à propos de la religion. Il y a là tout un rapport décoratif à l’art. Il faut bien des toiles de maîtres pour relever l’insignifiance des propos de certains salons. Des références culturelles permettent d’alimenter des conversations et L’irrésistible ascension sociale de Monsieur Lambert  de Sempé passe obligatoirement par des phrases définitives sur l’art contemporain. Dans cette perspective, la science serait sérieuse et l’art léger et en tout cas exogène par rapport à un noyau dur des évidences. Le référent premier serait la rationalité pratique et l’art peut être relégué dans des « matières à option ». Finalement, et malgré quelques envolées lyriques, nous pensons que nous pouvons très bien vivre sans art (et sans philosophie), mais que, cependant, notre culture doit comporter des connaissances artistiques et quelques pensées nobles et bien senties censées mettre un peu de relief dans une quotidienneté extra plate. Le langage d’ailleurs nous trahit. Nous réclamons budgétairement le 1% culturel : les autres 99%, et d’abord le budget de l’Éducation Nationale financeraient-ils des actions qui n’ont rien à voir avec la culture ? A la grande époque des MJC, il m’est arrivé, lors de rencontres à l’étranger, de ne pouvoir expliquer ces fameuses « maisons des jeunes et de la culture » qui, aux yeux de mes interlocuteurs, ne pouvaient être que des lycées! Serait-ce que nos établissements d’enseignement ne seraient fait ni pour les jeunes ni pour la culture? (De mauvais esprits me soufflent qu’ils sont fait pour les professeurs et les concours!) Ainsi, nous avons  beaucoup de difficulté à situer des types d’activités artistiques ou culturelles dans l’univers de la techno-science monétarisée qui constitue l’évidence de cette fin de siècle. L’appel à la culture traduit-il la défense d’un pré-carré de 1% de création dans un océan de répétition ou bien la prise de conscience de la nécessité d’une recomposition fondamentale des rapports de l’être au monde et de l’art de vivre au sein de ce qu’il est convenu d’appeler une éducation ?
2 – Mythos, Logos, Eros, En réaction contre la dimension univoque de l’éducation la plus généralement répandue, il convient de rappeler que toute activité humaine, se décline selon trois dimensions intrinsèquement liées et que la maladie de la culture consiste à vouloir les séparer dans une schizophrénie mortelle. Le Mythos  me renvoie à l’imagination, à la projection vers l’avenir, à ce qui fait sens, à ce qui m’ouvre à la totalité du monde. L’action la plus simple, fût-ce celle de se lever le matin, postule chez l’être humain de l’espoir et du sens. Le Logos  constitue la capacité d’enchaîner rationnellement des rapports de cause à effets et de construire du savoir cumulable. L’Eros affirme l’énergie désirante présente dans chaque être humain. Le danger des « pensées uniques », hélas florissantes de nos jours, consiste à se crisper sur un seul aspect de l’acte humain ce qui conduit à s’enfermer soit dans de l’identitaire religieux, idéologique ou délirant, soit dans l’addition de savoirs et de techniques, soit enfin dans une érotique sans but enfermée dans sa propre exacerbation. Or, il n’y a pas à choisir. L’art de vivre en humain passe par la capacité d’exister dans ces trois registres irréductibles de l’humain.  Il m’apparaît que l’activité artistique constitue la voie royale pour l’apprentissage de cette intégration : aucun art n’est possible sans un contact renouvelé de ses sources désirantes et un réajustement des rapports de l’artiste avec son inconscient, sans des techniques précises et le corps à corps avec une réalité matérielle, sans une vision ou un pressentiment d’une nouvelle façon d’habiter le monde. En ce sens, loin de paraître optionnel, l’art constitue l’archétype d’une activité humaine non mutilante. Elle est à la fois épreuve de soi, épreuve de la matière et épreuve du sens et par là se situe au cœur de l’éducation. Parlant de l’université allemande , Nietzsche écrivait ceci: « Le rude ilotisme auquel l’effrayante étendue des sciences a condamné de nos jours chaque individu est l’une des raisons principales qui font que des natures plus pleines, plus riches, plus profondes, ne trouvent plus d’éducation ni d’éducateurs à leur mesure. Ce dont notre culture souffre le plus, c’est d’une pléthore de tâcherons arrogants, d’humanités fragmentées » (2). Cent ans après, il serait présomptueux de penser que la situation se soit améliorée et qu’elle ne concernerait que l’Université allemande ! Aussi, autant je ne vois pas grand sens à rajouter de nouvelles « fragmentations » dites artistiques à la pléthore de celles qui existent déjà, autant une recomposition de l’éducation à partir de qui se joue dans une pratique artistique me paraît fécond.
3 – L’art comme espace-temps de reformulation des paradigmes. Mon propos, je l’ai dit en commençant, se situe dans la période de crise sociale et culturelle grave que nous traversons. C’est dans cette situation que l’activité artistique constitue un « passage » privilégié. Heidegger, dont la philosophie n’a pas su éviter de sombrer dans celle du destin, a pressenti le climat de notre temps lorsqu’il écrit : « Nous venons  trop tard pour les dieux et trop tôt pour l’Etre. L’homme est un poème que l’Etre a commencé » (3). Entre nostalgie et pressentiment, le poème de l’homme se dit dans l’œuvre d’art, figure vivante des temps qui viennent. Comment caractériser la crise actuelle? Elle porte à la fois sur l’économie, le lien social et le sens. Elle conduit à l’épuisement de la réduction de toute activité à la marchandise, la perte d’identité que donnait le travail accessible à tous. Les deux grands récits qui faisaient sens à l’Est et à l’Ouest, celui du sens de l’histoire et celui de la  croissance s’écroulent dans un fracas d’idoles brisées. Nous sommes condamnés, comme le disait Gaston Berger , à être tous des inventeurs: « Nous sommes dans un monde  où il n’y aura bientôt plus de place que pour les inventeurs. Tout le monde doit inventer, à tous les niveaux (…) Là où l’invention sera inutile, la machine, progressivement, remplacera l’homme, et le drame ce sera comment savoir employer ceux qui n’auront pas ces capacités d’invention » (4). Je voudrais évoquer quelques aspects de reconstruction que peut nous apporter l’œuvre d’art: – Le modèle du  travail  vécu comme transformation des choses dans une quête productiviste qui consiste à débusquer toute perturbation du sujet dans la production et à produire des quantités indéfinies qui saturent les marchés, arrive aujourd’hui à une impasse. L’art nous apprend un rapport à l’œuvre  à travers laquelle la transformation des choses n’a de sens que s’accompagnant de la transformation de soi. A l’aplatissement du règne de la quantité, elle répond par la notion de plénitude, de finitude, d’équilibre. – On nous a appris que le temps c’est de l’argent, durée indifférenciée à remplir par la production et la consommation. Dès l’école, les jeunes sont invités à rentrer dans la course à la performance qui sature tout l’espace En rupture avec cette frénésie, toute oeuvre d’art commence par un rythme  où la vie exprime ses pulsions les plus secrètes. A la course à la compétition, elle substitue le respect et l’écoute de son propre souffle. Bien des poètes et des musiciens expliquent qu’à l’origine de leur œuvre, il y a une sorte de rythme qui sourd d’eux mêmes, s’impose à eux et les obsède jusqu’à la création, comme le note Jean-Louis Barrault: « Notre existence consiste : à donner, à recevoir, à être. (…) Quels que soient le continent de la planète, le système philosophique ou la foi religieuse, la vie est régie selon le grand ternaire fondamental. Trois courants complémentaires dont la résultante est la force vitale cosmique » (5). – La jungle économiste mondialisée induit une compétition  toujours plus stressante. L’autre est un adversaire à qui je dispute les mêmes valeurs quantifiées L’œuvre d’art postule l’idée de différence. Elle vise à révéler la vision originale  d’un être humain. Elle n’est ni cumulative, ni excluante, mais elle ouvre à la diversité des mondes, et en cela elle est profondément démocratique. A la compétition avec l’autre pour conquérir du même, elle substitue une dialectique spirituelle de combat-réconciliation avec soi. –  L’accumulation des savoirs conduit à des « embouteillages de connaissances » au point de perdre toute vision globale d’une signification. Dans son roman prophétique écrit en 1938, La Grande Beuverie , René Daumal dresse un tableau saisissant de l’addition des savoirs conduisant à l’impasse: « Par la lorgnette, je vis en effet, à l’extrême bout de la galerie, l’Omniscient. C’était un globe crânien énorme avec un petit visage amorphe et chiffonné, qui me parut accroché par les oreilles aux deux boules d’ébène surmontant le dossier d’un trône élevé. (…). Au-dessus du trône courait une banderole portant cette inscription : je sais tout, mais je n’y comprends rien » (6). L’œuvre d’art postule un sens, un horizon, une gestalt, un engagement personnel dans la signification du monde, car le sens y est vécu dans toute sa sensualité et non dans la schizophrénie abstraite où le savoir sur les choses dispenserait d’une expérience du monde. –  La modernité a exacerbé l’individualisme. Tous les liens traditionnels ont été bousculés par l’épopée de l’individu, sujet de droit et se déchargeant sur un État Providence de tout souci d’autrui. Les fractures sociales remettent en question cette juxtaposition de solitudes. L’œuvre d’art ne saurait se concevoir sans perspective de lien  humain. Le poète le plus solitaire, le peintre le plus personnel s’expriment pour d’autres, pour que sa production retentisse dans des consciences individuelles. Toute oeuvre d’art crée un espace-temps d’une micro société, formelle ou informelle, consciente ou non, permettant des médiations vers de nouvelles façons d’être au monde: « Le théâtre n’est pas seulement un jeu, un metteur en scène, des acteurs, des spectateurs et  une salle, mais il représente beaucoup plus : c’est un foyer particulier de la  vie sociale et spirituelle qui contribue à la création de l’esprit du temps, qui donne vie à sa fantaisie et à son humour. C’est une forme de prise de conscience sociale insérée de façon unique dans l’espace et le temps concrets » (7). – La pensée moderne qui se veut pragmatique prétend incarner le « cercle de la raison » hors duquel il n’y aurait que de la pulsion irresponsable. De là le règne, dans tous les domaines, de la pensée unique, et des réalités dites « incontournables ». L’œuvre d’art ouvre au foisonnement du sens en reconnaissant dans l’œuvre plus que la subjectivité de son créateur ainsi que l’écrit Vaclav Havel: « L’art est une sorte de « jeu avec le feu »; l’artiste utilise une matière sans la connaître parfaitement, il crée quelque chose sans savoir parfaitement ce qu’il crée et ce que cela va signifier. Une oeuvre devrait être, selon moi, toujours plus « intelligente » que son auteur et lui-même devrait la regarder étonné et plein de questions comme s’il la voyait ou la lisait pour la première fois » (8). A la notion d’une suite logique univoque, l’art affirme la rupture de l’événement. – Finalement, pour reprendre les catégories fondamentales de la pensée d’Emmanuel Levinas, l’instruction risque de conduire  à la répétition indéfinie du Même. Par sa singularité et son apparition non programmée, l’œuvre d’art nous ouvre à l’Autre  dont le visage d’autrui constitue l’épiphanie. Dans un entretien avec Françoise Armengaud à propos de l’œuvre de Sacha Sosno, Levinas voit dans la pratique de l’oblitération chez l’artiste, la vérité dernière de l’art qui accepte la finitude humaine et par delà l’illusion esthétisante accède à « un des modes privilégiés pour l’homme de faire irruption dans la suffisance prétentieuse de l’être qui se veut déjà accomplissement et d’en bouleverser les lourdes épaisseurs et les impassibles cruautés »(9). On excusera le caractère un peu systématique de ces oppositions dû au cadre bref de mon intervention. Elles constituent à mes yeux des repères à partir desquels nous pouvons penser l’œuvre d’art dans toute démarche d’éducation et tenter de maintenir un espace où la grâce d’exister puisse se dire et s’exprimer sans lequel l’éducation sombre dans l’insignifiance de la marchandise. Pour conclure… Je viens d’évoquer le mot de « grâce » qui, dans la langue française évoque à la fois le rapport du divin en l’homme, la gratuité et la beauté. S’il y a une « culture » qui obture ce rapport à la grâce, l’art nous ouvre à des commencements et toute sortie de crise ne peut se faire que sous le mode d’une naissance à une nouvelle vie. C’est ce qu’exprime ce texte frémissant d’Antonin Artaud: « Jamais, quand c’est la vie elle-même qui s’en va, on n’a autant parlé de civilisation et de culture. Et il y a un étrange parallélisme entre cet effondrement généralisé de la vie qui est à la base de la démoralisation actuelle et le souci d’une culture qui n’a jamais coïncidé avec la vie, et qui est faite pour régenter la vie. (…)Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l’existence n’a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim.Nous avons surtout besoin de vivre et de croire à ce qui nous fait vivre et que quelque chose nous fait vivre, – et ce qui sort du dedans mystérieux de nous-mêmes, ne doit pas perpétuellement revenir sur nous-mêmes dans un souci grossièrement digestif » (10). A une époque qui a perdu ses repères, l’art peut rappeler ce que Baudelaire appelait de mystérieuses « correspondances ». A un monde qui soigne son angoisse par le bavardage médiatique, le musicien invite à un silence où peuvent s’entendre ces premiers mots qui font que le monde n’est pas un pur chaos. C’est ce que ressent Mozart, deux mois avant sa mort qui, revenant d’une représentation de La Flûte Enchantée écrit ces mots à sa femme: « Je reviens à l’instant de l’Opéra ; il était plein comme toujours. Le duo Mann und Weib et le glockenspiel ont été bissés comme d’habitude. De même que le trio des jeunes garçons, au 2e acte – mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est le succès silencieux » (11). A une époque obsédée par ses sécurités et ses acquis, l’artiste peut être cet éveilleur, dérangeant pour tous les ordres du pouvoir, du savoir et de l’avoir, qui redonne le goûts de nouveaux exodes à la recherche de ce « je ne sais quoi qui se trouve d’aventure » (12) que chante le poète mystique Jean de la Croix. Loin de détourner les jeunes de leur avenir, l’invitation au voyage et à la création qui réside en toute authentique œuvre d’art devient capitale dans un monde où selon Gaston Berger, l’invention concerne tout le monde et la coopération doit peu à peu prendre la place de la compétition: « Nous ne pouvons plus travailler tout seul; nous ne pouvons plus découvrir tout seul (…) Un encouragement peut vous être donné sur ce point par les disciplines dites de culture, c’est à dire, au fond, par les arts. Il y a une propriété des biens matériels qui fait que des occasions de conflit s’offrent sans cesse. Les biens de la culture sont à tous et ils se partagent sans s’affaiblir. Au contraire, si je vais au concert avec mon ami, ou si je parcours un musée avec cet ami, mon plaisir se doublera de celui qu’il éprouve. Et ainsi, la culture, au moment où la technique nous angoisse, où nous sommes pris dans nos conflits (…) nous aidera-t-elle à voir que le monde plein de possibilités vers lequel nous allons est susceptible de prendre un sens » (13).
Bernard  Ginisty
(1) Maurice BEJART, Gaston BERGER : La mort subite. Journal intime. Editions Librairie Séguier, 1990, page 15.
(2) Friedrich NIETZSCHE : Le crépuscule des idoles in Œuvres philosophiques complètes, Tome VIII, 1 Editions Gallimard 1974, page 103.
(3) Martin HEIDEGGER : L’expérience de la pensée in Questions III, Editions Gallimard, 1984, page 21.
(4) Gaston BERGER : L’homme moderne et son éducation, Editions Presses Universitaires de France, 1962, page 145.
(5) Jean-Louis BARRAULT : Saisir le présent, Editions Robert Laffont, 1984, page 176.
(6) René DAUMAL : La grande beuverie, Editions Gallimard, 1986, pages 105-106.
(7) Vaclav HAVEL : Lettres à Olga, Editions de l’Aube, 1990, page 142
(8) Idem,  page 200.
(9) Emmanuel LEVINAS : De l’oblitération, Editions de la Différence, 1990, page 7.
(10) Antonin ARTAUD : Le théâtre et son double, Editions Gallimard, 1974, pages 11-12.
(11) Wolfgang Amadeus MOZART, Lettre à sa femme des 7 et 8 octobre 1791 in Correspondance, Tome V, Editions Flammarion 1992, page 251.
(12) JEAN DE LA CROIX : Poésies complètes, traduction de Bernard Sesé. Editions Les Cahiers Obsidiane, 1986, page 94.
(13)Gaston BERGER : op.cit. page 148.

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